Libourne (33)
Si la Cali a voté, mercredi soir, son budget 2014 dans la continuité, elle souhaite revoir ses priorités et pourrait limiter les aides, notamment dans le domaine du tourisme
Dix jours seulement après le débat d'orientation budgétaire que son prédécesseur, Gilbert Mitterrand, lui avait laissé le soin de mener au sein de la Communauté d'agglomération, le nouveau président de la Cali (Communauté d'agglomération du Libournais), Philippe Buisson a réaffirmé la nécessité de redéfinir les priorités de la collectivité, à l'occasion du vote du budget 2014 mercredi soir.
La ceinture se serre d'un cran. Et peut-être au-delà. Si l'on ne parle pas d'austérité au niveau de l'Agglomération, il est en revanche question d'un pacte financier et fiscal avec les communes membres, ainsi que d'arbitrages indispensables. Dans un premier temps, la Cali va concentrer ses dépenses sur ses compétences obligatoires (développement économique et emploi, transport et politique de la Ville) et limiter les coups de pouce dans les domaines de la culture ou de la jeunesse ou du tourisme…
Dans la continuité, mais…
Répétant à plusieurs reprises que le budget 2014 s'inscrivait dans un « droit de suite » et dans la continuité de la politique initiée par Gilbert Mitterrand au sein de la collectivité, Philippe Buisson a cependant annoncé la couleur des mois à venir : la suppression de certaines charges et la remise en question de certaines structures actuellement directement gérées ou fortement subventionnées par l'Agglomération.La première cible éventuelle évoquée au cours du conseil communautaire est la plateforme de formation du Libournais, implantée à la Maison de l'écriture du Fieu en 2011. « J'ai un doute en ce qui concerne le pôle du Fieu », a prévenu Philippe Buisson. « J'ai demandé à ce qu'un audit soit réalisé pour vérifier l'intérêt réel de cet équipement. Je veux vérifier son potentiel avant, éventuellement de proposer de l'abandonner, purement et simplement. »
Le maire d'Abzac, Jean-Louis d'Anglade, a lui-même reconnu que « la Maison de l'écriture faisait partie de ces projets qui ont mal tourné » sans préciser quels étaient les autres. « Avec la plateforme, on a essayé a posteriori de trouver une destination au site. »
Mais c'est finalement dans le domaine du tourisme, une compétence essentiellement portée par le Pays du Libournais, que seront principalement portés les coups de canif pour soulager le budget de l'Agglomération.
… Des coupes à réaliser
« Louer et entretenir le moulin de Porchères pour deux jours par an (NDLR : un millier de visiteurs y viennent pour les journées du Patrimoine) ne font pas partie des priorités que je porte », affirme le président de la Cali. « Je propose que ce soit la dernière année que la Cali verse sa contribution. Il faut discuter avec le propriétaire pour voir comment faire évoluer ça, mais on ne va pas garder une charge de 45 000 euros pour rien. » Reconnu par le ministère de l'Agriculture comme pôle d'excellence rural en 2011, le moulin n'a jamais vu se concrétiser sa rénovation, qui, associée à un projet culturel ou pédagogique plus global, aurait pu bénéficier de fonds de l'État.
« C'est aussi la dernière fois que la Cali assume l'entretien des chemins de randonnées de l'ancienne Communauté de communes de Coutras », précise Philippe Buisson. Une ligne budgétaire de 22 000 euros annuels. « De la même manière pour le bateau touristique. » En panne depuis l'été 2011, « la Fleur de l'Isle » va coûter à la Cali plus de 5 000 euros pour sa sortie de l'eau. Et sa réparation semble exclue.
Quant au domaine du Maine Pommier, à Lagorce, « il peut être scindé en plusieurs parties, entre les bois, le lac, les gîtes et les équipements dédiés à la Jeunesse. Il faut lui trouver une destinée ou céder le domaine », continue le président visiblement parti à la chasse des charges jugées superflues pour la collectivité. Le domaine coûte chaque année près de 10 0000 euros à la Cali et ne rapporte qu'un peu plus de 55 000 euros en loyers.
Le vote du budget 2014 a ainsi permis de préparer les prochains coups de barre du nouveau bureau de la Cali : cap sur l'équilibre, malgré la baisse des dotations de l'État, quitte à se délester au passage.