Le pont de Beaulieu

C’est un petit pont de rien du tout, au milieu de nulle part. Nos lecteurs désormais avertis auront reconnu cependant un ouvrage d’art fort symbolique, qui franchit le Courbarieu et permet de passer de la commune de porchères à la commune de Coutras : c’est le méconnu et pourtant fort utile pont de Beaulieu. C’est un pont tout récent, plus jeune que les plus anciens habitants de Porchères. La première délibération du conseil municipal à ce sujet remonte au 26 juin 1921. Le maire Déjean fait alors état d’une démarche auprès de la municipalité de Coutras au sujet de la construction d’un pont sur le Courbarieu, au lieu dit Beaulieu. Les deux communes sont d’accord sur le principe. Il reste à établir des plans et à trouver l’argent nécessaire.

Le cadastre « napoléonien », dont les levées datent de 1838 pour la commune de Porchères, montre qu’un « chemin » existait déjà sur le tracé de l’actuelle voie communale n°10 (qui passe sur le pont de Beaulieu) et qu’il traversait le Courbarieu.
On voit ici l’intérêt d’un pont :
la traversée du gué se révélait problématique de l’automne au printemps, et obligeait à faire un détour conséquent par le pont de Francin, plus au Nord, sur la « route » allant de Coutras à Montpon.

Les plans établis par le service vicinal sont présentés au conseil municipal de Porchères par le même maire Déjean le 6 février 1927. Un terrain est donné à la commune par Gaston Aubier (qui se voit généreusement dispensé des frais hypothécaires…) le 11 septembre 1927, ce qui est considéré comme une sous-cription volontaire de 208 francs. La construction peut alors être lancée. La commune contracte un emprunt de 25.000 francs pour compléter les 4.000 francs pris sur les ressources vicinales. Les travaux sont commencés le 12 février 1928. Comme il arrive fréquem-ment, des imprévus augmentent la facture (il semble que le remblai ait nécessi-té quelques travaux supplémentaires), et le conseil municipal décide de porter l’emprunt à 30.000 francs auprès du Crédit Foncier (amortissable en trente ans).

Les registres municipaux restent muets sur la suite des événements (ceux que nous avons pu consulter). Le pont existe, il a donc été terminé, inauguré peut-être officielle-ment (des lecteurs s’en sou-viennent-ils ? Merci de contac-ter l’association Solid’Air si vous avez d’autres renseignements - voir les coordonnées en derniè-re page). Il continue de rendre service de nos jours. Certes, il est interdit aux véhicu-les de plus de 12 tonnes, et deux voitures ne peuvent s’y croiser. Mais il est en-core très emprunté, parfois un peu violemment (le parapet défoncé est désor-mais réparé et repeint), à toute heure du jour et de la nuit, et en toutes saisons.

Sources

Archives municipales (registres des délibérations) ; Cadastre dit « napoléonien » - Feuille D2 (Porchères)- 1838 (Archives Départementales de la Gironde)
Documentation rassemblée par Marie-Claude Gautrias et Laurence Chaussat